Chronique du jardin (4) - Reflet inattendu
J'ai un tout petit jardin. Un petit carré que j'appelle avec
tendresse et un brin pompeusement mon "carré de potager-mandala",
jardin-miroir, fenêtre sur mon monde intérieur, un petit jardin de
simples à la va comme je te pousse qui alimente mon inspiration et approvisionne
sans faillir mes tisanes-sorcières.
... j'adore les asters. J'en en récupéré des rejets récemment, ils sont
soigneusement plantés maintenant dans mon petit bout de terre. J'ai en outre appris de l'amie qui me les a apportés qu'on les
appelle aussi des vendangeuses. Normal, pour des fleurs d'automne.
Aster, ça vient du grec
ancien et signifie étoile. J'ai planté des étoiles
dans mon jardin, cela, je le savais déjà. Et en y pensant hier
soir, j'ai laissé mon esprit divaguer comme il sait si bien faire,
sauter d'un sujet à l'autre comme sur une grande toile d'araignée,
et j'en suis venue à me dire que, un champ d'asters,
c'est tout simplement... Compostelle. Ben voui. Compostelle, le champ
d'étoiles* !
Et me voilà à rêvasser : il y a
déjà six ans, j'ai marché plusieurs jours seule et en itinérance
dans les Alpes de Haute Provence, un sac de quinze kilos sur les
épaules. L'une des premières personnes rencontrées sur ma route
m'avait demandé si je "faisais Compostelle". J'avais
répondu non, vous savez, si c'était le cas je serais dans la
mauvaise direction...!
Mais la direction, finalement, on s'en fiche, peut-être que ma Compostelle va vers l'est. Parce que moi, je ne suis pas sûre de vouloir un jour aller vraiment à Compostelle ; j'ai l'intuition que ma Compostelle intérieure, elle peut se trouver sur tous les chemins qui m'attireront.
Mais la direction, finalement, on s'en fiche, peut-être que ma Compostelle va vers l'est. Parce que moi, je ne suis pas sûre de vouloir un jour aller vraiment à Compostelle ; j'ai l'intuition que ma Compostelle intérieure, elle peut se trouver sur tous les chemins qui m'attireront.
J'en étais là, devant mon potager
minuscule envahi par une forêt de bourrache. Et je me suis demandé d'où me venait cet amour
démesuré pour elle, la bourrache. Je regardais l'hysope que j'ai plantée
récemment – oui, je parle de "potager" mais
finalement, en attendant les tomates et les concombres, il n'est pas très vivrier, je dois le reconnaître –
bref, j'ai planté de l'hysope tout simplement parce que j'aime ce
nom, hysope - et là ça a fait tilt : j'aime la bourrache
certes parce qu'elle est jolie, parce qu'elle est bleue et un peu
rose en même temps, mais aussi parce qu'elle est associée pour moi à un souvenir tout doux
de poésie et de voix entremêlées :
Et la bourrache du ciel est sa tisane filante...**
Et la bourrache du ciel est sa tisane filante...**
Je suis tout étonnée
et émue de vous dire que, entre les asters et la bourrache, mon jardin reflète...
...le ciel.
*Wikipedia m'apprend néanmoins que
deux étymologies sont discutées pour "Compostelle".
** Poésie délicate et puissante de Daniel Reynaud, poète charentais (1936 - 2001) mis en musique par Jacques Barathon, compositeur originaire des Deux-Sèvres (1936 - 2003) - Petites Nativités et Quelques écritures enceintes (Éditions Le Vert Sacré)
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