Chronique du jardin (2) - Du désordre, se nourrir...

J'ai un tout petit jardin. Un petit carré que j'appelle avec tendresse et un brin pompeusement mon "carré de potager-mandala", jardin-miroir, fenêtre sur mon monde intérieur, un petit jardin de simples à la va comme je te pousse qui alimente mon inspiration et approvisionne 
sans faillir mes tisanes-sorcières.



Ce matin, je suis retournée dans mon mini-potager. Parce que la forêt d'épinards m'interrogeait, tout de même.

Et puis, en maniant la bêche et arrachant à tour de bras les pissenlits et le liseron, je me suis dit que c'était vraiment une métaphore parfaite de ma vie, ce jardin. La nature a horreur du vide ; oui, je le constate, c'est une vérité vraie. Je désherbe, et paf, une pluie là-dessus, et ça se repeuple de tous les côtés.

Si je ne prends aucune décision avec ce désordre incroyable et magnifique, ça restera une friche. Et le désordre, ça fertilise, mais si on le laisse prendre le dessus, on n'en tire plus rien. Et de ce potager (mini, certes), moi, je rêve d'obtenir des légumes.
J'ai donc aussi la possibilité de poser des choix : ici, je sème des radis. Là, je planterai les tomates. Ou là-bas ! Là, je laisse les framboisiers de l'an dernier (oui - j'ai planté des framboisiers dans mon mini-potager de trois mètres sur trois, je n'ai peur de rien). J'ai le choix.

Mais ce désordre me ravit aussi : je laisse en place les pieds de bourrache qui se sont ressemés un peu partout (je risque la forêt de bourrache, mais qui ne risque rien n'a rien, on disait) ; j'ai de la salade qui fait de l'impressionnisme plutôt que des belles lignes, le pied de chrysanthème couleur de feu à l'automne prend ses aises et je l'y encourage, et je bénis la colonisation des nigelles.
Je n'ordonne pas le désordre ; je lui laisse plus de place encore, et dans ma vie, c'est pareil.

Aimer le désordre, le laisser fertiliser la zone, puis tracer quelques allées pas droites, profiter de l'exubérance, et enfin...

...me laisser surprendre.


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